Café philo du 29 janvier 2015
Soirée sur les évènements du 7 au 11 janvier 2015 : assassinats qualifiés attentats : équipe rédaction Charlie Hebdo + policière tuée Montrouge +Magasin Casher porte de Vincennes (4 assassinats)
Les expressions ont été libres, nombreuses, contrastées et souvent antagonistes mais le principe de discussion et les attitudes qui vont avec (prise de parole chacun son tour, écoute de celui qui parle, abstention de toute invective, acceptation du rôle de l’animateur etc…) a été respecté par tous les membres durant les deux heures. Nous remercions Jocelyne pour sa prise de notes des propos tenus dans leur forme immédiates.
■ sur les réactions personnelles immédiates dès le 7 janvier (derrière sa TV ou son poste de radio ou en apprenant les faits) - sentiment d'horreur, d'impuissance, de colère, émotion, ce qui devait arriver est arrivé, atteinte à la liberté, blessure, jeunesse des assassins, comment faire pour que ça n'arrive pas à nouveau.
■ sur les craintes, sur les conséquences, sur l’avenir - Faut-il s'habituer à l'idée que ça arrivera encore ?
■ sur les actes des assassins et les motifs qu’ils se donnaient - Passage à l’acte direct, justicier = déni de l’action judiciaire« Ce qu'ils ont fait ne me plait pas ; je les tue. ». Donc le type même de la réponse non proportionnée. - Même barbarie mais 2 motivations différentes : Charlie hebdo : le blasphème des caricatures de Mahomet ; le Super Casher : le conflit israélo-palestinien ? en tous cas agression délibérée antisémite.
■ à propos de l’attaque sur Charlie Hebdo et ce qu’elle révèle à la pratique de cet hebdomadaire. Comment désigner cette équipe de journalistes : victimes ou responsables (au sens causal) voire coupables ?. Ses abus ? … NB : on notera que certaines interventions ne permettent pas de distinguer (et n’ont peut- être pas l’intention de distinguer) entre le comportement de la presse relatant les évènements et le comportement antérieur ou ultérieur de l’hebdomadaire Charlie Hebdo
■ Pour certains, ce qui prime : - tradition et primauté de liberté de la presse, tradition de la caricature (Voltaire), -si les rédactions peuvent se poser des problèmes au plan éthique (publier ou autocensurer ?), la légalité de CH n’est pas en cause, d’ailleurs la justice a souvent été saisie - les caricaturistes s’en sont pris –par le dessin- à toutes les religions ou au(x) religieux, comme aux politiques, sans distinction.
■ pour d’autres : - la liberté d'expression a-t-elle une limite ? - On peut tout dessiner, on ne peut pas tout dire, on ne peut pas tout écrire : déséquilibre ?
■ pour certains même : - Charlie hebdo était un journal en grande difficulté, il agressait délibérément (stratégie commerciale ?)
■ Sur la presse, les media en général et à l’occasion de ces évènements
- L'info nécessaire ou trop d'info tue l'info ?
- Les journalistes maîtres à penser ?
- Les attentats de Toulouse, des Twin Towers moins médiatisés ? Controverse sur ce point voir ci-après
- divers propos sur « la presse qui inquiète »… . « les médias qui se veulent justiciers », la « prise de pouvoir par les médias » Mais là aussi, parle—-t-on de la presse Charlie Hebdo ou de la presse qui relate les évènements ? Car d’un autre côté, à côté d’abus d’informations données en temps réel et dangereuses pour les otages par exemple, certains ont pu relever aussi :
- le refus de certaines TV, Antenne 2 en tous cas, de donner les images vidéo de l’assassinat de la policière.
- par ailleurs, un participant insiste : « on » n’a pas suffisamment (presse ou pouvoirs publics ?) honoré la gendarmerie (partie de l’armée) pour le travail extraordinaire qu’elle a fait (mais la police également, est-il rajouté…et d’ailleurs les policiers ont souvent été applaudis dans les cortèges)
■ sur les religions en général, sur l’Islam en particulier
- Retour en arrière, au Moyen Age, à l'Inquisition, aux guerres de religion.
- la religion s'invite dans le débat public français, quid de la laïcité ?
- Les crimes n’ont pas manqué dans l'histoire au nom de la foi, mais est- ce la faute des religions ?
- Religions utilisées par les pouvoirs au cours de l’histoire. Quand des minorités utilisent la stratégie de la terreur, ILS veulent imposer leur religion.
- Le Djihad : 2 sens : guerre intime contre les travers moraux et guerre pour l'expansion de l'Islam.
- On relève que l’Islam, comme culte, n’est pas réunifié comme les Églises centralisées (Église Catholique) ; que les représentants français des diverses associations du culte musulman ont condamné les assassinats et affirmé leur attachement à la laïcité. Mais, pour certains, de manière très nette :
/ Islam religion inadaptée à notre contexte culturel : - Le Coran n'a pas été adapté ... le mot " amour " n'y figurerait pas ...
/L’ « Islamisme » ou même les pays islamistes ne font pas de distinction entre la religion et le pouvoir, pouvoir exercé par les chefs religieux.
/ Information qui a pu choquer une participante : savoir que l’école coranique religieuse est parfois obligatoire dans ces pays après la classe ordinaire. Certes le catéchisme –comme école de religion catholique- existe dans notre pays aussi mais pas obligatoire !
/- La femme musulmane : soumise, voilée, inférieure. Ce dernier point fait polémique. Il est relevé aussi que : Beaucoup de femmes dans les pays arabes ou orientaux se battent pour leur liberté. On cite les Fonds des femmes pour la Méditerranée (MPLR) qui aide dans ce sens
■ Sur les réactions collectives et rassemblements, peu de commentaires.
Cependant Controverse sur le caractère des manifestations. Pour certains : caractère orchestré de la marche républicaine du dimanche (de fait c’est le gouvernement qui l’organise et la nomme ainsi). Pour d’autres les rassemblements dans les grandes villes du 7 janvier au soir ont eu un caractère spontané, immédiat (réseaux sociaux), expression d’une vraie force collective qui rend optimiste Oui mais : pourquoi n’y avait-il rien eu (n’avait-on rien fait) sur le 11 septembre ou sur les attentats Merah à Toulouse ? La question taraude certains avec le sentiment sous-jacent qu’il y a une sorte de hiérarchie des causes qui s’établit ou que les organisations installent. Pour d’autres, d’une part les souvenirs sont différents (il y a eu de nombreuses formes d’expression le 11 septembre), d’autre part le caractère spontané du besoin d’occuper l’espace public le 7 janvier au soir fait obstacle à des comparaisons.
- Message des manifestants : pour la liberté et/ou pour la sécurité, communion avec l'autre ou exclusion de l'autre.
3 citations proposées par Jocelyne qui a assuré la prise de note • Montaigne :
" Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition "
• Zola : " La République est envahie par les réactionnaires de tous genres, ils l'adorent d'un brusque et terrible amour, ils l'embrassent pour l'étouffer. "
• Edwy Plenel (pas in extenso): " toutes les civilisations ne se valent pas " déclarait un ministre de la République française, évoquant des civilisations " plus avancées " ou " supérieures " à d'autres, et précisait que " ce qui est en cause, c'est la religion musulmane ". Un député lui répondit que c'était " une injure faite à l'homme sur le fumier de laquelle avaient poussé ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration ".
CR général mis en forme et assumé par Pierre M .04/02/2015